Le point de vue de 3 professionnels issus du monde de la science, de l’économie et du marketing

Jan Rotmans peut être qualifié comme l’un des pères spirituels de la théorie de la transition, qui analyse les changements fondamentaux dans les structures, la culture et les pratiques affichées par une société. Selon lui, la transition énergétique globale a abouti à un tournant sans pareil qui renferme à la fois une formidable dynamique et une instabilité et des turbulences. Afin de bien passer le cap d’un tel processus, il est incontournable de concentrer tous les efforts et de les guider dans la direction d’une stabilité politico-économique encourageante et stimulante, de faire de la durabilité un leitmotiv, de mobiliser les masses de manière effective et sensée et d’encourager les  changements radicaux qui vont dans la bonne direction.

L’homme d’affaires néerlandais Ruud Koornstra a fait sien le noble but de vouloir promouvoir la durabilité. Pour cela, il a accepté de transformer sa vie de fond en comble: de capitaliste classique roulant en Porsche et se déplaçant en hélicoptère, il est aujourd’hui un homme d’affaires qui vit et travaille dans le respect des normes de la durabilité, fidèle à sa philosophie qui prêche que „nous pouvons tous accéder au paradis sur terre. La technologie étant à notre portée, l’Homme n’a plus besoin d’innover, il doit transposer ».

Selon Oliver Lawder de l’agence de marketing „Futerra“, une agence spécialisée dans la communication axée sur la durabilité, „l’histoire sur le changement climatique que l’on ne cesse de nous raconter  se résume à un cauchemar. Nombreux sont les gens qui y réagissent de manière à mettre les faits et découvertes scientifiques en doute, ce qui les empêche d’agir“. Lawder appelle à la prudence et invite à reformuler les propos avancés: „Le spectre angoissant doit être muté en une vision encourageante!“

Lors de la discussion entre conférenciers et participants clôturant la séance annuelle, Roberto Espinoza de la COICA a souligné „qu’une Europe baignée dans sa bulle de béatitude à l’abri du chaos environnant doit veiller à ne pas sombrer dans l’oubli du reste du monde“.

L’avenir de l’approvisionnement énergétique en Europe

Une gestion décentralisée de l’énergie contribue à optimiser l’utilisation des ressources énergétiques locales sur le lieu de la consommation, crée des emplois et garantit au-delà une plus grande sécurité d’approvisionnement. Le nouveau pacte climat européen, qui est en phase de conception, déterminera la future destinée de l’approvisionnement énergétique en Europe. Quel est le rôle joué par les Villes et les Communes dans ce nouveau scénario politique ?

Il est clairement mis en évidence que l’avenir ne ressemblera aucunement au passé et que dès lors, il est incontournable de susciter un revirement radical dans les pensées, au risque de provoquer des étourdissements. Les changements au niveau de l’approvisionnement énergétique ne s’opèrent  point dans le cadre d’institutions centrales comme l’UE, mais bien dans les Villes elles-mêmes. Bien que l’UE ait sa vision du sujet, elle n’est pas en mesure de faire montre de résultats d’ores et déjà tangibles. C’est la raison pour laquelle il n’est pas avisé d’attendre à ce qu’il se passe « quelque chose » au niveau européen, voire international ; les communes doivent faire en sorte d’édifier de manière autonome leur propre système sécurisée et durable en terme d’approvisionnement énergétique. Une action à la base – par la base – influencera positivement les décideurs politiques au niveau supranational.

La discussion a fait clairement ressortir le fait qu’au niveau local, l’approche ne se fait plus du haut vers le bas, mais que c’est plutôt la politique (c.àd. le „niveau supérieur“) qui apprend en écoutant la base, soit les citoyens (c.àd. le „niveau inférieur“). Le savoir et l’engagement des citoyens est comparable à une ressource à haute valeur ajoutée qui doit être mise à profit lors de la prise de décision communale  dans le cadre de la transition énergétique. A l’avenir, l’efficience énergétique joue un rôle primordial dans l’approvisionnement énergétique. Afin que les gains en termes de productivité ne soient pas anéantis par l’effet rebond, il est crucial de maintenir le sujet de la consommation au centre de l’intérêt.

Elections du conseil d’administration

Nos félicitations vont à l’adresse de Rainer Handlfinger, bourgmestre de la commune autrichienne de Ober-Grafendorf, élu membre du conseil d’administration par l’assemblée de l’Alliance pour le climat à l’occasion de sa convention annuelle du 16 mai 2013. Pour le reste, la composition du conseil reste inchangée. A noter que quatre membres rééligibles avaient réintroduit leur candidature, qui fût acceptée par l’assemblée. Huit autres membres du conseil avaient été réélus en 2012 pour un mandat de deux ans et continuent par conséquent à assumer leurs charges:

Président: Joachim Lorenz, Munich
Vice-Président: Diego Iván Escobar Guzman, COICA
Trésorière: Rosemarie Heilig, Francfort
Secrétaire: Camille Gira, Beckerich

Les autres membres du conseil d’administration sont: le Dr. Simona Arletti, Modena; Rabin Baldewsingh, Den Haag; Tom Balthazar, Gent; Freddy Brunner, St.Gallen; Pascale Chiron, Metropole Nantes; Rainer Handlfinger, Ober-Grafendorf; Joan Puigdollers I Fargas, Province Barcelona; Dr. Karl-Ludwig Schibel, Città di Castello und Mag. Eva Schobesberger, Linz.

La résolution prise par l’Alliance dans le cadre de la politique européenne en matière d’énergie et de climat

En date du 16 mai 2013 à Den Haag, l’assemblée générale de l’Alliance pour le climat a unanimement pris la décision de rédiger une résolution au sujet de la politique européenne en matière d’énergie et de climat. L’Alliance invite l’UE à fixer des objectifs ambitieux et contraignants en matière d’efficience énergétique, d’énergies renouvelables et de réduction des émissions de CO2. En outre, il est incontournable de développer et de fortifier le système européen des échanges de droits d’émission. L’ultime alternative étant l’introduction d’une taxe sur le dioxyde de carbone.

Selon Joachim Lorenz, président de l’Alliance pour le climat, "une gestion décentralisée de l’énergie permet une utilisation rationnelle des ressources énergétiques locales à proximité des lieux de consommation. La seule chose qui manque encore, c’est le soutien au niveau européen. “

La politique énergétique de l’UE doit mettre l’accent sur la gestion de la demande et augmenter la part des énergies renouvelables; elle doit reconnaître les efforts entrepris par les communes et les soutenir par l’apport de stratégies et de moyens financiers adéquats. La garantie d’un financement à long terme est décisive et utile lorsque les Villes et les Communes sont amenées à prendre des décisions en matière de stratégies à long terme et de plans d’actions portant sur l’énergie et le climat. Dans ce contexte, il est important de se concentrer davantage sur l’introduction de modèles de financement innovateurs ainsi que sur la redéfinition et l’amélioration de programmes de subventionnement existants.

Les Villes et Communes ne sont même pas encore mentionnées dans le Livre vert qui fût présenté récemment. Les membres de l’Alliance pour le climat s’efforcent depuis longtemps à réduire leurs émissions de CO2 et l’initiative dénommée „Convention des maires“ compte d’ores et déjà non moins de 4.500 signatures de leaders communaux s’engageant à exceller les objectifs 2020 de l’UE en matière de climat et d’énergie.

Les Villes et les Communes jouent un rôle central dans la collaboration entre le secteur privé et les autres acteurs au bénéfice du développement et de la transposition de nouvelles idées et d’innovations dans le contexte du climat et des ressources énergétiques et facilitent ainsi la transition vers un avenir plus durable. Sans l’appui des collectivités locales, l’UE ne sera pas en mesure d’atteindre ses objectifs.